Au commencement, en 2012, l’une d’entre nous a rêvé un projet d’agriculture urbaine sur le champ.
Elle a trouvé des personnes assez folles pour se mettre en route pour réaliser ce rêve. Des maraîchers, des herboristes et des bergers qui voulaient en faire un métier d’une toute nouvelle manière: une agriculture soutenue par la communauté.
Le Logis a dit oui à ce rêve et ensemble, ils ont invité les habitants du quartier sur le champ.
Faisant fi des incertitudes liées à la précarité du bail d’occupation qui était proposé, une quarantaine d’habitants et de professionnels en devenir ont investi l’espace avec une meule de foin, une plantation de pomme de terre, 3 brebis, quelques armoises aromatiques et un premier dessin de jardin collectif.
Un an plus tard, le champ devient le Chant des Cailles : un maraichage en auto récolte avec 60 abonnés, 20 brebis et les premiers fromages fabriqués au couvent Saint-Anne, un jardin d’herbes aromatiques, une quarantaine de parcelles dans le jardin collectif, un compost et sur le rond central, une table et quelques bancs…
Au fil du temps, les professionnels, soutenus par des habitants, affinent chacun leur projet et certains membres du jardin collectif rêvent d’un quartier durable et d’une autre manière d’habiter les cités jardins, d’autres ouvrent le Chant des Cailles aux écoles du quartier.
Bientôt, il y a une telle foison d’initiatives au Chant que le Logis nous demande de parler d’une seule voix et toutes les activités sont invitées à se rassembler, nous poussant malgré nous à passer de l’action spontanée à une association organisée. Projets professionnels et projets citoyens se rassemblent en asbl au sein de la Ferme du Chant des Cailles et c’est l’occasion de nouveaux liens entre les pôles d’activité, même si chacun garde son autonomie de fonctionnement.
L’asbl La Ferme du Chant des Cailles permet une assise administrative pour demander l’occupation de nouveaux lieux dans le quartier : les terrasses de Maurice pour un poulailler, un box de garage pour l’épicerie participative ou des espaces publics du Logis Floréal pour des projections en plein air.
En parallèle, les professionnels du chant s’organisent en coopérative, activent entre eux de nouvelles solidarités et font appel aux habitants du quartier et à tous ceux qui souhaitent soutenir leur activité d’agro-écologie professionnelle. Une centaine de personnes répondent à l’appel.
Très vite, l’asbl et les membres des différents pôles sont sollicités pour des visites, pour intervenir lors de colloques, pour faire partie de différents réseaux.
Un enjeu important refait alors surface : le projet de construction sur le champ. L’asbl se lance alors dans le projet Saule (Symbiose Agriculture Urbaine Logement Ecosystème), un projet de recherche participative financé par Innoviris en collaboration avec l’ERU, l’agencce Alter et l’UCL.
L’asbl se retrouve de fait en première ligne pour réagir à ces propositions et projets avec une structure et des outils qui ne permettent malheureusement pas de représenter ou d’activer l’ensemble des acteurs du champ : en effet, 40 membres forment l’assemblée générale de l’asbl par rapport à plusieurs centaines de personnes investies d’une manière ou d’une autre dans les activités de la Ferme.
En 2021, la Ferme était constituée de 19 travailleurs professionnels (10,6 ETP rémunérés), 85 membres du jardin collectif, 257 membres de l’épicerie du quartier durable, 392 récolteurs au maraîchage, 273 abonnés à la voie lactée, 120 récolteurs d’aromatiques, 215 coopérateurs, 80 chouchouteuses de moutons !
Face aux enjeux de la ville de demain, quelle sera la place de La Ferme du Chant des Cailles? A suivre…